Qui êtes-vous ?
Nous
sommes trois sœurs, Fanny, Sarah et Julia passionnées par les arts,
les voyages, les rencontres, entre autres choses ! Nous sommes
originaires de Lorraine.
Nous avons beaucoup voyagé quand nous
étions plus jeunes : nous partions chaque été en famille
pendant un mois, sur les routes de l’Europe à huit dans un
camping-car fabriqué par notre père ! Ça semble anecdotique,
mais ça vous marque un esprit pour la vie : ça nous a donné
le goût de la découverte et l’art d’écouter les autres !
Fanny travaille en diffusion,
communication et en médiation culturelle, avec un talent et un
penchant naturel pour les actions à destination du jeune public.
De son propre aveu, elle a beaucoup d’autodérision.
Sarah après avoir vécu six ans à Bruxelles, est partie
pour Montréal. Quand elle n’erre pas à la recherche de lieux
abandonnés et de ruelles vertes, elle collabore à des projets qui
mettent l’humain au cœur de la ville et aime partager son goût
pour l’architecture.
Julia officie
dans le développement, le financement et le marketing, ce qui
l’empêche d’assouvir sa passion pour le théâtre (ce qui n’est
pas forcément une mauvaise chose!).
Pourquoi Plüm ? Comment l'avez-vous lancé et d'où vient ce nom
?
Ca
faisait plusieurs années qu’on cherchait à monter un projet
commun à partir de ce que chacune avait en tête : faire partager des découvertes et des coups de cœurs,
faire le lien entre le travail d’artistes et le public.
Plüm a été créé à l’image de ce qui nous apparaissait le
magasine idéal, celui que nous aurions voulu trouver en kiosque et
qui semblait ne pas exister. Un magasine vraiment tout public, avec
des articles légers mais réfléchis, un ton accessible. Sur la
forme, il reprend les codes des magazines féminins, avec des
rubriques mode, people, art de vivre, mais sur le fond, on s’éloigne
vraiment des contenus habituels. C’est notre façon de résister un
peu à la dictature « Mani, pédi, fashion ». On aime
toutes ça, mais on préfère être des passeurs d’histoires que
des passeurs de pubs pour crème de jour.
Le nom Plüm n’a pas une histoire très
extraordinaire : il était juste joli et approprié, il est
ressorti dans la liste des noms que nous avions en tête et nous sommes
tombées d’accord tout de suite. Un peu comme des parents qui
choisiraient le prénom d’un enfant !
On
a lancé Plüm
sur le web, via notre site aucabaretdesoiseaux.org. Il est
téléchargeable contre une contribution volontaire. Un ordinateur et
hop ! On se le procure sans sortir de ses pantoufles ! Nous sommes attachées au fait que chacun puisse
payer ce qu’il veut, ce qu’il peut pour l’obtenir. C’est une
façon de plus d’inscrire le projet dans sa communauté, au même
titre que l’on invite tous nos lecteurs à participer au contenu en proposant des textes ou
simplement en nous écrivant « Hé, j’ai vu tel truc ou
rencontré telle personne et ça vaudrait la peine de parler de lui
ou d’elle. »
C’est
une belle carte de visite qui nous a permis d’attirer des
irréductibles amoureux du projet Au cabaret des oiseaux : Zoé Crevette, Aulee Créations et Clive Rody, en sont l’exemple.
3.
J'ai l'impression que Plüm est une continuité de votre site Au
cabaret des oiseaux, est-ce vrai ?
Oui
absolument. Comme on le disait plus tôt, c’est une facette du
projet. Au même titre que le blog, la boutique
et la page Facebook. Tout cela fonctionne de façon indépendante mais
se complète comme les touches de peinture sur un tableau. (On
s’emporte!)
4.
D'ailleurs parlez nous aussi de votre site Au cabaret des oiseaux.
Le Cabaret des oiseaux est voué à devenir
un lieu physique, avec une programmation, des activités, un café,
une boutique. En attendant, nous avons ouvert un lieu virtuel pour
échanger et partager : aucabaretdesoiseaux.org.
C’est
un tableau d’inspirations interactif. Si vous faites attention,
chaque publication interroge les nouvelles dynamiques de communauté autour de
l’expérience artistique. On ne contente pas de partager les œuvres
de tel artiste ou de tel artisan, on l’inscrit dans une réflexion
plus vaste sur ce que nous apporte l’art au quotidien et comment il
peut changer notre vie, en tant qu’individu et que communauté.
Après il y a plusieurs niveaux de lecture : chaque élément
pointe vers d’autres. Alors, on peut se contenter de découvrir de
jolies choses inattendues, ça nous convient aussi.
|
oamul.com |
5.
Comment choisissez-vous les artistes que vous représentez dans votre
magasine ?
Le
magasine est composé de plusieurs rubriques. Pour chacune d’entre
elles, nous fonctionnons un peu différemment.
« Si
j’étais un oiseau » est une carte blanche laissée à un
artiste, un artisan, une personnalité qui est invitée à répondre
à la question « Si j’étais un oiseau… ». Dessin,
textes, photos, les expressions sont totalement libres. Pour cette
partie, nous choisissons nos artistes par coup de cœur, lorsque nous
estimons que la réponse peut en dire plus sur le répondant qu’une
simple interview. Les trois premières participantes nous ont
touchées avec des propositions tout en pudeur mais très
révélatrices aussi de ce qu’elles sont.
Pour les sections Mode, people,
beauté, art de vivre, loisirs, mode, qui sont des rétrospectives,
des présentations d’artistes, de collectifs et de projets, nous
partons toujours d’un thème choisi en comité éditorial. On
découvre les artistes sur le web, dans nos lectures, dans les
festivals, sur recommandation. On tombe sous le charme, on a envie de
les partager, de les mettre en valeur, de les diffuser.
La
section qui s’est ajoutée à la dernière édition « Mais
qui est… », est une vitrine consacrée aux créateurs de
notre boutique. C’est une interview par l’objet, nous leur
demandons de se présenter, en nous montrant des objets de leur
quotidien (personnels, professionnels). On veut aller au delà de
l’objet vendu sur notre site internet. On lève aussi le voile sur
la vie quotidienne d’artistes et on trouve ça passionnant, de voir
la réalité derrière l’œuvre.
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Liekeland |
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de formes Berlin |
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Clive Roddy Design |
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Sarah Jane Studios |
6.
Pour chacune d'entre vous, quelle vision avez-vous de l'Art en
général ? Y a t-il un artiste, créateur, designer qui vous inspire
le plus ?
Julia : l’art,
c’est comme un chemin ouvert au travers d’une forêt noire et
effrayante. L’art,
c’est la seule façon qu’on ait trouvé pour apprendre encore
lorsque nos préjugés, nos idées reçues et nos paresses nous ont
rendus si sûrs de nous.
J’ai
la chance d’avoir grandi dans une famille où l’art et la culture
étaient très encouragés, très valorisés. Alors
j’ai beaucoup d’artistes dont les œuvres « m’accompagnent »
au quotidien. Mais
je dirais que ceux qui m’accompagnent fidèlement sont ceux qui ont
réussi à me faire taire, ce qui n’est pas rien !
Ray
Bradbury, puits sans fond aux métaphores qui se révèlent lecture
après lecture comme des fleurs qui éclosent ; Jean Vilar, dont
le Mémento m’accompagne depuis des années ; Moebius, parce
que c’est un génie ; Jean Anouilh, dont l’écriture simple et
lumineuse me surprend à chaque fois et a produit aussi bien « Chers
Zoiseaux », que «Pauvre Bitos » ou « Médée » ;
Shakespeare, qui avait tout compris avant tout le monde et dont le
Roi Lear a changé ma vie. Eux et tant d’autres, en fait. Ce n’est
pas facile de choisir…
|
Voyage d'Hermès Moebius |
Fanny : c’est
à mon sens un outil incroyable pour développer sa curiosité et
s’ouvrir au monde qui nous entoure.
Il permet à chacun de se réaliser,
de se trouver en fonction des sensibilités. Y a t-il un artiste,
créateur, designer qui vous inspire le plus ? A vrai dire, je suis
d’avantage inspirée par des domaines que par des artistes en
particulier. Puis comme Julia l’a dit, on a grandit et on vit dans
une famille où l’ouverture sur le monde artistique est valorisée,
ce qui permet d’avoir plusieurs sources d’inspirations, de
picorer un peu partout. Je suis par exemple admirative de
François Delarozières, Cory Richards (qui est photographe pour
National Géographic) ou les investigateurs du redswingproject :
http://www.redswingproject.org/
Aussi
bien pour leur travail que pour les valeurs qu’ils transmettent. Ce
sont des modèles à suivre par leur humilité et leur courage.
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Photo : Cory Richards National Geographics |
Sarah : si
je devais définir l’art, je dirais que c’est un océan de
découvertes dans lequel on peut nager éternellement sans en
pouvoir connaître les fonds. Pour une personne comme moi qui a été
baladée depuis toute petite dans beaucoup de pays et nourri au
concentré d’artistes en tout genre, je suis intimement persuadée
que l’art permet de développer notre curiosité, notre ouverture
sur le monde et de nous faire prendre conscience de la diversité
culturelle. Il développe aussi notre esprit critique et permet de
nous situer librement par rapport aux courants dominants, aux modes,
aux consensus et de rejoindre un courant en sachant pourquoi. C’est
enfin, le moyen le plus efficace que je connaisse, pour, comme disait
Nietzsche, devenir qui nous sommes.
Par nos découvertes (littéraires,
photographiques, cinématographiques, architecturales, etc), on
développe notre goût pour certains domaines qui au final forgent
notre caractère et notre personnalité. Pour ma part, ce sont des
personnes qui
par leur courage, leur implication, leur créativité ou leur vision
du monde l’ont fait.
Pour n’en citer que quelques uns :
Alexandra
David Néel qui fut la première femme à être rentré dans Lhassa, Hugo Pratt dessinateur de Corto Maltese, François Delarozière créateur des machines de l’île, Jimmy Nelson photographe qui
a dernièrement pris en photo les dernières tribus ou ASSEMBLE collectif d’architectes qui réinvestit des lieux abandonnés pour
en faire lieu de diffusion.
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Dessin : Hugo Pratt Corto Maltese |
6.
Des projets en cours et/ou à venir ?
Oui. Nous envisageons
d’organiser des expos, des concerts, des rencontres et évidemment
d’ouvrir le lieu.
Nous
sommes également en train de réfléchir à développer Plüm, en y
ajoutant de nouvelles rubriques.
7.
Pour finir, un souhait ?
Comme
les souhaits des trois fées :
Que
le lieu « Au Cabaret des Oiseaux » ouvre
Que
le projet plaise aux gens
Que
les personnes restent curieuses et soient ouvertes
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